lundi 1 juin 2009

La procédure [surtout sur la fin !]


[source]


C'est très exotique de se retrouver résident d'un autre pays européen dont le niveau de vie est équivalent à celui de la France mais dont le fonctionnement est tout autre.
Par exemple, j'ai vécu toute ma vie dans un pays qui considère les syndicats comme un cheveu sur la soupe, un truc surnuméraire, des empêcheurs de tourner en rond et je me retrouve en Belgique où, en lieu et place de la très administrative Assedic, ce sont les associations de salariés qui sont chargés de la rémunération des inemployés.

Le système est pensé comme en France avant que Sarkozy se mette à tout vouloir centraliser : d'un côté, un organisme pour mettre en relation les offreurs et les demandeurs d'emploi et de l'autre, des bureaux qui s'occupent de l'indemnisation éventuelle des personnes temporairement inoccupées.

Ici, l'ANPE s'appelle l'ONEM. Si j'ai bien tout compris, dans les régions francophones, ça devient le Forem mais VDAB chez les flamands [Vlaamse Dienst voor Arbeidsbemiddeling en Beroepsopleiding] ce qui n'a guère d'importance puisqu'à Bruxelles, nous avons droit à Actiris [Sigle composé de "Act" pour travail et "Iris" qui est la fleur symbole de la ville]. Hormis de plus jolis bureaux, plus propres et avec énormément de PC en accès libre pour les inscrits et l'utilisation soigneuse de timbres en caoutchouc pour tamponner à l'ancienne et à la main les documents, il n'y a guère de différence notoire avec les services de l'emploi tricolores : il n'ont pas réellement de travail à offrir mais tout un tas de solution pour vous occuper à autre chose.

Les choses sont un peu plus compliquées quand, en tant que français exporté, vous souhaitez monter un dossier en vue d'obtenir une éventuelle indemnisation afin de couvrir financièrement la période d'arrivée sur le marché du travail local. Dès votre inscription, Actiris vous refile une liste écrite sur laquelle figure l'ensemble des syndicats délégués à cette tâche ainsi que leurs coordonnées et leur appartenance politique. Si cette dernière est vraisemblablement juste, sachez que l'adresse, elle, ne correspond pas au lieu d'inscription mais au bureau de pointage.

Une première visite en début d'après-midi, un plan dans une main, un ticket de bus-métro-tramway dans l'autre et de la patience en bandoulière, vous apprend que le lieu n'ouvre de toute façon que le matin de huit heures à midi mais que les portes ferment à onze heures tapantes. Le deuxième essai, le lendemain, vous confirmera que si limiter les heures d'accessibilité au public peut rendre le service plus efficace, il provoque aussi, colatéralement, une extrême concentration de celui-ci.

Une bonne cinquantaine de personnes s'est organisée pour vous précéder en ce lieu et attend déjà sur place en rang d'oignons afin de pouvoir accéder à l'accueil. Vous comprendrez bientôt qu'il ne s'agit que d'un premier guichet sans réelle importance si ce n'est qu'il a le pouvoir de vous offrir le précieux sésame par tant d'autres convoité : un numéro !

Il s'agit tout à la fois d'un test et d'une mission : si vous parvenez à vaincre la foule des petits pas, de la chaleur, des bébés qui braillent et des mères qui hurlent dans toutes les langues de Babel, l'un des deux syndiqués affectés à cette tâche peut éventuellement vous remettre un petit papier numéroté qui vous offrira le droit exclusif d'attendre votre tour pour rencontrer quelqu'un.

Sur la gauche et la droite, un ensemble de marches de métal à claire-voie mène à l'étage supérieur. Parfois, l'un ou l'autre des déjà-élus s'avance, le petit papier à la main et grimpe vers le lieu où se jouera son destin. Il en ressort bientôt, le visage repeint de colère, le pas lourd de dépit ou, au contraire, le sourire aux lèvres suivant que l'Employé chargé de l'exécution de cette œuvre a répondu à sa demande.

Pour ma part, après avoir usé de patience et profité de ces longues minutes pour m'essayer à l'entomologie sociale, il me fut annoncé que je ne m'étais pas rendu au bon endroit…


A suivre bientôt :
le choix d'un syndicat
et tout ce qui s'ensuit…

12 commentaires:

  1. "se retrouver résident d'un autre pays européen" D'abord, t'es même pas encore résident...

    RépondreSupprimer
  2. En tout cas les galères administratives se rejoignent dans les deux pays, et le coup du petit ticket numéroté aussi..

    RépondreSupprimer
  3. La première fois que j'ai été en Belgique en voiture, on m'a dit: "vous savez tourner à gauche". Euh, bien sûr que je sais!

    RépondreSupprimer
  4. En gros, c'est le bordel aussi, mais un autre bordel.

    RépondreSupprimer
  5. Mademoiselle Ciguë : oui, bon, j'essaie de l'être on dira !!! :-))

    Aude Nectar : oui et non ! Sincèrement, je trouve que c'est encore pire ici. On verra ça dans la suite…
    :-))

    Ferocias : excellent et très belge ! :-))

    Nicolas : oui ! Tu verras que c'est surtout le bordel mais très organisé, de manière germanique quoi ! Du bordel qui traverse dans les clous…
    :-))

    RépondreSupprimer
  6. La différence entre la France et la Belgique est qu'en France le bordel est centralisé alors qu'en Belgique, le bordel est fédéralisé. Wallons, Flamands à chacun son propre foutoir.
    Enfin bon courage et bon établissement dans notre pays de fous !

    RépondreSupprimer
  7. Webkili : bienvenu par ici ! :-))
    C'est plus compliqué que cela à Bruxelles je trouve. Il y a comme des sous-divisions à tous les niveaux !
    J'ai vu Fonck (le gars de Stelllla) à la télé dire : " En Belgique, soit tu es fou, soit tu deviens cinglé ". Et bien, je le crois sincèrement…
    :-)))

    [Sinon, je suis content d'être à Bruxelles, hein ? C'est juste la bureaucratie qui bureaucratise un peu trop à mon goût…].

    RépondreSupprimer
  8. Cher Monsieur Poireau...
    J'ai beaucoup souri en lisant votre petit article, visualisant très bien tous ces charmants locaux que vous avez visité.
    J'ai juste constaté une petite erreur: dans ONEM, il y a le N de national, c'est donc l'Office National de l'Emploi (RVA en flamoutche...oups). Un organisme fédéral donc et qui est le grand méchant chargé de contrôler les chomeurs et vérifier qu'ils sont bien disponible pour le marché de l'emploi.
    Actiris, c'est la structure qui encadre les demandeurs d'emploi... comme le FOREM en Wallonie et le ??? en Flandre. Ce sont eux qui appellent les chomeurs (pardon, les demandeurs d'emploi) pour leur proposer des offres d'emploi, des formations, voir même des cours de langue gratuits (à ce propos, pour vos cours de néerlandais...)
    Pour les indemnités, il existe une structure neutre (hors syndicats donc) qui s'appelle joliment la CAPAC (caisse auxilliaire payement allocations de chômage) et qui, contrairement aux syndicats offre le service d'indemnisation des chomeurs gratuitement (pour les syndicats il faut être affilié, et payer une cotisation mensuelle). Elle est aussi réputée comme étant beaucoup plus lente.
    Donc, dans l'ordre, pour les démarches il faut:
    1. s'inscrire comme demandeur d'emploi (ACTIRIS)
    2. s'inscrire au syndicat si on le souhaite (pour ce faire il faut définir sa profession, vu qu'il existe différentes filiales: employés, professeurs, ouvriers, etc.)
    3. S'inscrire au bureau de chômage (il n'y a plus de pointage depuis quelques années... )
    4. Attendre un rendez-vous... et espérer que votre dossier soit accepté sans trop de difficultés.
    Petite astuce aussi pour réduire le temps d'attente: ne JAMAIS se rendre dans ces lieux en début de mois... le mieux c'est vers le 15, 16...
    Voila... bon courage... ;-)
    Pour ma part, je me réjouis déjà de retrouver ces bons camarades de la FGTB.

    RépondreSupprimer
  9. Zoé : merci !!!
    J'ai éludé la Capac volontairement. En cas de problème elle n'est qu'une caisse et en tant que transfuge de France, je prévoyais quelques soucis dûs à la période !

    Pour le point 3 : au contraire, on pointe ici comme en France dans les années 80, avec une carte papier et une vignette à coller soi-même. A l'époque d'internet, c'est archaïque et surprenant…

    Actiris ne fait rien, c'est mon expérience vécue. Même l'ANPE française, pourtant fort décriée à l'air d'une grande professionnelle à côté de ces charlots. Sauf bien sûr pour les formations où là ils sont très éfficaces.

    Pour le point 4 : c'est la suite de l'aventure que je raconterais bientot !!! Il y a BEAUCOUP de difficultés !!!

    J'ai viré la FGTB pour rallier la CSC, je préfère être un tout petit peu considérer comme une personne…
    :-))))

    RépondreSupprimer
  10. on ne pointe plus en Belgique: on rend une carte mensuelle... pointer signifiait aller, 2 fois par mois, faire mettre un cachet sur cette carte... maintenant il suffit juste d'avoir des cartes et on peut très bien les renvoyer par la poste...

    RépondreSupprimer
  11. Zoé : bah, rendre une carte, c'est bien pointer à l'ancienne !
    A quand le pointage informatique, beaucoup plus simple, rapide et pratique !
    :-))

    RépondreSupprimer